OPINIONS

Publié le par Christian Leblanc

 

 

 

 Le complot libéral

  Le libéralisme est doublement trompeur. Il l’est par le vocable, et surtout par ce que celui-ci recouvre.

   En effet le mot lui-même évoque une foule de concepts auxquels il est parfaitement étranger, dans le sens où on l’emploie de nos jours. 

   Libre : les hommes naissent libres et égaux… La formule est chère au cœur de tout Républicain.

   Liberté : “J’écris ton nom…” proclamait Paul Eluard.

   Libéralités : synonyme de générosité…

   Or il recèle actuellement bien d’autres réalités.

   Le libéralisme est en fait devenu la liberté que s’octroient les plus riches d’exploiter les plus vulnérables. Et il s’applique tant aux relations entreprises-employés qu’à celles qui s’établissent entre Etats.

   Chez nous, c’est lui qui a permis aux groupes les plus puissants et aux multinationales de rogner progressivement les droits acquis par nos parents et nos grands-parents au prix de luttes acharnées. C’est lui bien sûr aussi qui réduit chaque jour un peu plus notre pouvoir d’achat.

   Depuis quelques décennies, les groupes industriels et autres sont passés sous la coupe du monde de la finance, lequel n’a aucun état d’âme quand il s’agit d’augmenter les dividendes des actionnaires.

   Les patrons d’autrefois – enfin, beaucoup - avaient encore quelques principes. Ils avaient à cœur de défendre une entreprise familiale, l’économie de leur région ou de leur pays. Certains même se faisaient un point d’honneur d’assurer à leurs employés un confort de vie susceptible de retentir sur leur image de marque.

   Ce patronat traditionnel est en voie de disparition et a été remplacé par des PDG interchangeables, “auri-parachutables” et des conseils d’administration inféodés à leur tutelle financière. D’où les changements constatés dans les mœurs des entreprises les plus puissantes.

   Un secteur d’activité n’est-il plus suffisamment rentable ? On le supprime. Le coût jugé excessif d’une main d’œuvre qualifiée est-il compensable par une production de masse à bon marché ? On délocalise.

   Les conséquences sont évidentes : le chômage local ou sectoriel, la pression sur les salaires des employés et les employés eux-mêmes, les atteintes à la Sécurité Sociale et aux garanties liées à la perte d’emploi, l’augmentation du temps de travail et de l’âge légal de la retraite ; et enfin, la fuite des plus beaux fleurons de notre économie dans des régions du monde où le travail n’est pas réglementé ou dans lesquels la main d’œuvre ne bénéficie ni de salaires décents ni des garanties sociales les plus élémentaires.

   Nous en sommes conscients : c’est ce libéralisme qui est à l’origine de l’accroissement des disparités et de la précarisation. C’est en le magnifiant, et en imprégnant les esprits de l’idée que la mondialisation est inéluctable que la droite la plus dure est en passe d’annihiler peu à peu des droits qui ont paru longtemps fondamentaux. C’est par cette tactique qu’elle est parvenue, en peu d’années à contourner les forces syndicales et rendre malléables ceux qui gagnent leur vie par le travail.

 

   Elle utilise les arguments les plus fallacieux, les subterfuges les plus grossiers et parvient, en flattant les égoïsmes, à anesthésier toute une frange de l’opinion. Si nous ne dénonçons pas ce fait, si nous ne parvenons pas à en faire prendre conscience à nos concitoyens, le libéralisme a encore de beaux jours devant lui. Et notre société sera de plus en plus celle des “renards libres dans un poulailler libre”.

 

Christian LEBLANC

 

Publié dans Présidentielles

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