Après les propos de Sarkozi

Publié le par C. Leblanc

Identité nationale : un chantier permanent

   La crainte de l’inconnu, la peur de l’étranger, est un sentiment répandu.

   Déjà, au niveau d’un quartier, les discriminations se font jour, et même chez les plus jeunes : « Va jouer ailleurs, t’es pas d’notre rue ! ». Avec l’âge, elles prennent parfois hélas des proportions plus dramatiques.

   Et ce n’est pas nouveau non plus.

   On m’a rapporté que, dans un village de la Bresse profonde, quand un “gone” d’une bourgade voisine s’avisait de traîner la gueuse du côté de chez eux, les gars du crû lui lançaient, menaçants : « Si t’es pas d’Marboz, faut t’n allo ».

   Fils de cheminot, j’ai moi-même assisté aux joutes que se livraient les gamins des colos de la SNCF, où naturellement le brassage des régions était plus important qu’ailleurs. Dès que surgissait un conflit, on entendait couramment : « Alsaco, tête de veau ! »… à quoi l’autre rétorquait : « Parisien, tête de chien ! »

   Les gens de ma génération ont probablement entendu leurs aînés, des vieux de 14… ou d’avant, tenir des propos pleins de prévention à l’égard des Bretons, des Auvergnats ou des méridionaux… Tant que les gens des régions voisines restaient chez eux, ils n’étaient pas gênants. Mais il ne fallait surtout pas que, poussés par des nécessités économiques, ils s’avisent de venir gagner leur vie chez vous.

   Aujourd’hui, on en rit.

   C’est pourtant bien un phénomène identique que l’on observe à l’aube de la construction européenne, avec le refus des ouvriers lituaniens ou du… plombier polonais. Il est de même essence que la xénophobie qui s’exerçait à l’encontre  du maçon italien ou du mineur polonais, dans le courant de la première moitié du siècle dernier. Maintenant, les descendants de ces émigrés sont aussi français, aussi républicains et aussi bons citoyens que les Français de souche. Certains ont même nourri la fierté nationale des plus cocardiers… Merci Raymond Kopa, Michel Jazy, et autre Piantoni… !  

   Aujourd’hui, nous entrons dans une ère formidable, celle de la constitution d’une Europe unie. Il a fallu plus de 150 ans pour que les Français s’acceptent entre eux. Je fais le pari que le temps nécessaire pour que s’affirme l’identité européenne ne sera pas aussi long. Laisser du temps au temps, disait quelqu’un… C’est ainsi, à petits pas, que l’Humanité progresse. Par bonheur, sa marche est inéluctable. Et dans le même temps que se construira l’esprit européen, s’imposera la nécessité d’un axe nord-sud.

   « Le monde est ma paroisse » disait Wesley au XVIIIème siècle. « Citoyens du monde » lui répondait en écho René Dumont, il n’y a pas aussi longtemps. Des précurseurs, des visionnaires qui ont ouvert la voie d’une humanité nouvelle et nous ont indiqué le chemin.

   N’en déplaise à ceux qui jouent de la naïveté et des tendances les plus basses de l’homme pour servir des intérêts peu avouables.

   Christian LeblancPorte-parole du PRG 68-67-90 pour la 5ème circonscription

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